Les
dauphins possédaient une autre réputation, celle de sauver
les humains de la noyade.
Ainsi, l'un des fils
de Poséidon et d'Amphitrite, Taras, tombé malencontreusement
à la mer, dut son salut à un dauphin qui le ramena au rivage.
En souvenir de cet exploit, la ville de Tarente coula une monnaie figurant
un enfant chevauchant un dauphin.
On raconte aussi que
si Ulysse avait un bouclier et une bague ornés d'un dauphin, c'était
en mémoire du sauvetage de son fils par un dauphin.
Mais l'une des légendes
les plus connues et des plus célèbres est celle d'Arion,
le chanteur et le joueur de cithare le plus renommé de son temps.
Revenant de Sicile où il avait gagné une fortune grâce
à son talent, il embarqua à Tarente à bord d'un navire
qui devait le conduire à Corinthe. Au large, l'équipage
décida de le jeter à la mer pour s'emparer de sa fortune.
Arion obtint cependant la faveur de chanter une dernière fois avant
d'être jeté dans les flots…
Alors, un dauphin, certainement attiré et charmé par les
accents mélodieux du chanteur, le sauva et le porta, sain et sauf,
jusqu'au cap Matapan. |
Plutarque
(125 -145 avant J.C.) raconte l'histoire touchante de Korianos, originaire
de l'île de Paros. Il se trouvait sur son bateau, quelque part en
mer Égée, lorsqu'il fut témoin de la capture au filet
d'un groupe de dauphins. Il sut si bien prendre la défense des
cétacés qu'il obtint que les pêcheurs les libèrent.
Des années plus tard, il se trouvait sur un bateau qui fit naufrage
au large de l'île de Paros. Alors que tout l'équipage périt
noyé, Korianos survécut grâce à l'intervention
d'un groupe de dauphins qui l'aidèrent à rejoindre le rivage
à la nage.
Plutarque raconte encore qu'à sa mort, de nombreuses années
plus tard, Korianos fut incinéré sur la plage en présence
de sa famille et de ses amis. Et d'après les témoignages,
les dauphins étaient là aussi au rendez-vous funèbre.
À l'époque, il n'y avait pas de doute, les dauphins reconnaissants
n'avaient pas oublié le geste salvateur de leur ami.
Pline l'Ancien, raconte
aussi, l'amitié entre un jeune garçon napolitain et un dauphin
nommé Simo. Leur attachement était si fort que le dauphin
finit par accepter de se faire chevaucher par l'enfant. Il le conduisit
ainsi jusqu'à l'école et le ramenait le soir, toujours exact
à l'heure de sortie.
De nombreuses années passèrent ainsi jusqu'à ce que
le garçon tombe malade et meure. Pline raconte que Simo, fidèle
au rendez-vous, attendit son ami durant des jours et des nuits, jusqu'à
dépérir et mourir, semble t-il de chagrin…
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L'histoire
a-t-elle été embellie par Pline l'Ancien ou le dauphin a-t-il
connu une telle fin?
Ce qui est troublant, c'est qu'on sait de nos jours, pour l'avoir effectivement
vu, un dauphin peut devenir dépressif au point d'aller se fracasser
délibérément contre les parois des bassins-prisons
des delphinariums ou de s'asphyxier en cessant volontairement de respirer.
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