Au
Moyen-Âge, l'intérêt que l'on porta aux dauphins fut
beaucoup plus prosaïque. Appelés "pourcilles", ou
porcs de mer, les dauphins et plus particulièrement les marsouins,
étaient comptés à tort, parmi les animaux à
viande maigre, comme les poissons. Ils pouvaient donc être consommés
le vendredi et pendant le carême. Leur exploitation était
régie par une stricte réglementation de pêche et de
vente, et frappée d'un impôt spécial, la "Graspade".
Se nourrissant de
poissons, calmars et crevettes, et parce qu'ils endommagent les filets,
peu à peu, les dauphins furent considérés comme des
concurrents, puis des ennemis des pêcheurs. Des destructions systématiques
de dauphins fréquentant certaines régions furent ainsi entreprise
jusqu'au début du XXe siècle, à l'aide de dynamite,
de poissons piégés de d'incroyables inventions destinés
à tuer.
Ces pratiques sont
aujourd'hui non seulement interdites dans de nombreux pays, notamment
la France, mais elles ont perdu leur raison d'exister. En effet, les dauphins
côtiers sont beaucoup moins nombreux, les filets de pêche
en fibre synthétique nettement plus résistants, et les proies
ingérées de faible valeur commerciale. |
Ce
qui caractérise le plus notre époque, ce sont les tentatives
de domestiquer les dauphins, pour les faire travailler soit en captivité,
soit en semi-liberté. Or, la plupart de ces animaux supportent
mal d'être enfermés et certains ne parviennent pas à
s'y adapter.
En effet, quels que
soient les efforts pour y améliorer leurs conditions de vie, les
bassins artificiels seront toujours des prisons pour ces animaux dont
le domaine est la mer immense. |
En
fait, le public qui s'extasie sur les exhibitions des dauphins dans les
marinelands et autres aquariums est loin de se douter que, pour ces quelques
individus qui ont survécu, de nombreux autres sont morts après
leur capture. Il est heureux que, contrairement à la majorité
des animaux que les humains tentent de soumettre à leur autorité,
le conditionnement des dauphins s'effectue uniquement par récompense
et jamais par punition. Ainsi, le dresseur n'infligera pas de punitions
corporelles ou de privations de nourriture car cela n'aurait aucun résultat.
Au contraire, il récompensera le dauphin en lui donnant du poisson
"mort" chaque fois qu'il aura éxécuté le
numéro escompté.
Fait réjouissant,
bien connu de collaboration librement consentie entre les hommes et les
dauphins. Cela se passe sur les rivages de la Mauritanie où pêcheurs
et dauphins s'entraident pour rendre la pêche aux mulets jaunes
plus efficace. Les dauphins rabattent les mulets vers les filets, de sorte
que les poissons, coincés entre deux prédateurs, profiteront
aussi bien aux dauphins qu'aux pêcheurs.
Dauphins autrefois
célébrés dans la mythologie comme des créatures
marines aux interventions bénéfiques et divines…
Puis dauphins longtemps traités en ennemis par les pêcheurs…
Plus près de nous, dauphins ouvriers, armes de guerre, vedettes
de parcs d'attraction ou de cinéma avec "Flipper" et
"Willy"…
Quel avenir réservons-nous
désormais à ces animaux si sympathiques, attachants et mystérieux? |